Biographie
Claude Millette a su très jeune qu’il voulait devenir artiste, lorsqu’il est entré en contact avec les œuvres d’Expo 67. Né en 1957 à Saint-Hyacinthe (Québec), il vit à Saint-Bernard-de-Michaudville et poursuit sa pratique de la sculpture, de l’art public et de l’installation.
À ce jour, il a réalisé un nombre impressionnant de sculptures publiques, plus de quarante. La plupart d’entre elles sont au Québec, surtout en Montérégie et à Montréal. La plus récente et la plus monumentale, Éclosion, sera installée à Ville de Mont-Royal, en 2022. Mentionnons aussi celle du Pôle culturel de Chambly, Vent d’Ouest dominant (2019), Kata et Voltige (2015), au Complexe Vivacité de Saint-Jean-sur-Richelieu, Perséides (2014), au Centre des arts Juliette-Lassonde de Saint-Hyacinthe, Archivolte (2011), au parc de la Cité (Longueuil) et Le coup de départ (2009), dans l’arrondissement de Saint-Laurent, à Montréal. En-dehors du Québec, les sculptures se trouvent en Ontario, en France et en Russie.
Parmi les expositions personnelles qui se démarquent dans sa carrière, mentionnons Ramifications, au Jardin Daniel A. Séguin, à Saint-Hyacinthe, en 2021; Corphéum, à la Maison des Gouverneurs de Sorel-Tracy, en 2017 ; La résistance des matériaux. Sélection d’œuvres de 1976 à 2006, au Musée de Lachine et à Expression, centre d’exposition de Saint-Hyacinthe, en 2007; Captivité-Mouvement, proposée pour la première fois en 1994 à Expression et Trajectoire et tension, inaugurée en 1982 à la Galerie du Musée, Musée du Québec (Québec).
L’artiste a participé à plusieurs symposiums de sculpture internationaux, dont la 4e édition de Beauce Art : L'International de la sculpture, Saint-Georges-de-Beauce, en 2016 ; le Symposium international de sculptures monumentales de Granby, en 2015; le 7th International Sculpture Symposium à Penza, en Russie, en 2014 ; le Deuxième symposium international de sculpture monumentale de Matour en Bourgogne, en 2010, et le IV Simposio International de Escultura Monumental, en 2006, à Alajuela, au Costa Rica.
De nombreuses œuvres de Claude Millette font partie de collections publiques et privées, parmi lesquelles celle du Musée national des beaux-arts du Québec, du Musée d’art contemporain de Montréal, du Musée d’art de Joliette et du Musée régional de Rimouski. Plusieurs villes et municipalités ont acquis une de ses sculptures, dont la Ville de Montréal, la Ville de Saint-Bruno-de-Montarville et la Ville de Saint-Hyacinthe. Il est représenté par plusieurs galeries, au Canada et aux États-Unis.
Il vient de publier (2021) une monographie de ses œuvres des vingt dernières années, Faire plier la matière. Plusieurs critiques d’art réputés ont publié des articles ou des textes de fond sur son travail, dont Olivier Asselin, Pascale Beaudet, Mélanie Boucher, Jean Dumont, Serge Fisette, Joyce Millar, André-Louis Paré et Elizabeth Wood.
Démarche artistique
Mon travail s’inscrit dans la continuité de recherches sur l’entrave et le mouvement. Ces deux thèmes apparemment contradictoires sont à la base même de mon vocabulaire et de ma démarche. Ces antagonistes nourrissent une volonté constante d’expérimentation avec la matière : celle d’insuffler la sensualité aux matières brutes et rébarbatives que sont l’acier, l’acier inoxydable ou le bronze. J’ai choisi ces matériaux pour leurs qualités plastiques et esthétiques, pour leur durabilité et aussi par affinité. Le feu, entre autres, est l’élément et l’outil qui en permet la maîtrise.
Apprivoiser ce matériau sollicite la force corporelle; l’expérience de transformation est donc physique, mais aussi poétique. L’œuvre, pour l’essentiel, naît d’une action directe avec la matière à assembler. Le geste est le résultat de l’action et de la confrontation avec ces deux caractéristiques du métal, souplesse de la feuille et rigidité structurelle du matériau. En déployant dans l’espace un minimum de matière pour un maximum d’effet, en lui donnant des mouvements parfois exubérants, aux limites de l’équilibre, je remets en cause les notions de gravité et de stabilité.
Résolument non-figuratives, mes réalisations ne sont pas non plus du domaine strict de l’abstraction : à partir du moment où le geste exprime une émotion ou une réflexion, l’œuvre est déjà empreinte de sensibilité. À cet égard, l’art public se doit de communiquer avec ses regardeurs.
En ce sens, comme vous le constaterez sans doute, ma feuille de route dans le domaine de l’art intégré à l’architecture révèle une continuité de ma démarche : réaliser des œuvres grand format et participer de façon active à l’urbanisme et à l’aménagement d’espaces publics.
Qu’il s’agisse de bâtiments anciens ou d’édifices au design contemporain, les matières minérales que j’utilise ainsi que leur traitement contribuent de manière significative, tel un catalyseur, au dynamisme et à la mise en valeur de l’espace.
Dans ma production, la verticalité n’est pas exclusivement la dominante; la lecture de l’œuvre n’est donc pas uniquement anthropomorphique. L’œil est sollicité par le mouvement intrinsèque des lignes directrices et des dynamiques. L’organique et le géométrique se juxtaposent, se rencontrent et se toisent.
L’opposition du solide et du souple prend tout son sens du fait que les poutrelles que je fabrique pour mes œuvres sont habituellement droites et rigides, comme l’armature des bâtiments. À l’image de ce qui survient dans la danse, l’énergie est issue de tensions ou de polarités. Cet art extraordinaire me fascine par la communion des regards et de la sensualité des corps en mouvement et par cet espace réinventé de beauté et de gestes où l'émotion sans mot s’exprime par l'intensité et le désir. L’art, par sa vulnérabilité et sa précarité, déchire parfois les porte-à-faux de l’imaginaire.