Annie Gauthier a étudié à l’Université du Québec à Chicoutimi au baccalauréat interdisciplinaire en arts et est diplômée en enseignement des arts plastiques et de l’art dramatique. Elle a également étudié au micro-programme en art-thérapie à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Elle est membre du Conseil de la sculpture du Québec ainsi que du Conseil des métiers d’art du Québec. La création artistique ainsi que l’enseignement des arts font partie de son parcours depuis plus de vingt-cinq ans. Elle a participé à plusieurs expositions dont certaines au Québec, à New-York et à Ankara. Au cours de ses études, elle s’est d’abord intéressée à la peinture. La sculpture est rapidement devenue un de ses moyens d’expression de prédilection. L’art numérique est ensuite apparu dans sa pratique comme un outil différent pour observer la matière dans l’infiniment petit. Elle peint et grave l’acier qu’elle recouvre d’encaustique. Elle modèle l’argile et travaille le ciment dans la réalisation d’oeuvres de taille moyenne et de plus grands formats. La matière est autant source d’inspiration que ressource dans la création. Dans sa pratique sculpturale, Annie Gauthier intègre des objets et matières recyclés. Les oiseaux imaginaires sont ses principaux sujets. Est-ce pour le sentiment de liberté qu’ils inspirent ? Ou pour leur forme ovoïde ? L’artiste n’a pas de réponse à ce sujet. Mais ces êtres surgissent les uns après les autres de la matière qu’elle manipule entre ses mains. L’oiseau n’est-il pas un symbole de liberté ? Il est aussi associé au rêve.

Annie Gauthier s’intéresse aux spécificités et à la sensibilité de la matière. Celle-ci a entre autres une température, une forme, une texture, une couleur, une malléabilité, une consistance. Le matériau réveille des mémoires, il oriente et conduit l'artiste. Sa démarche artistique est intimement liée à la recherche sur le processus de création. Elle recueille, expérimente, observe et crée des oeuvres inspirées de sa relation à la matière. L’artiste cherche à comprendre quels sont les facteurs qui influencent ses choix de création. Ces choix semblent aléatoires. Pourtant ils s’imposent, ils vont de soi. Sa singularité se retrouve dans cette façon de réaliser, d’ordonner et de gérer chacun des instants du processus sans mettre entièrement l’emphase sur le produit final (aspect, équilibre, etc.) mais plutôt sur les instants présents de création dans un état d’esprit aussi pragmatique que poétique. Elle pratique la sculpture, la peinture et l’art numérique. Les médiums et supports qu’elle utilise l’inspirent par leurs caractéristiques physiques autant que par leur potentiel sensoriel. Elle crée des espaces sensibles et laisse émerger des personnages de la matière. Par l’exercice de création, elle tente de saisir ce qui est à la base de ses décisions de création. Antonio Damasio, neuroscientifique, nous dit qu’il n’y a pas de décision sans émotion. L’artiste se questionne donc au sujet de l’objet issu des conduites esthétiques, c’est-à-dire l’oeuvre d’art. Ne serait-elle qu’un produit reflétant nos réactions à notre environnement, au monde qui nous entoure, se demande-t-elle ?